En 2022, j’ai participé à une Mad Jacques dans le Morvan. J’ai découvert cet événement populaire. À l’époque je n’ai pas payé ma place, j’étais invité par Riverside qui était partenaire de l’événement. Une place coûte 149€, 109€ si vous arrivez à trouver une prévente. 
En arrivant sur place à Dijon, je trouve l’ambiance festive. Agréablement festive. Mais à y regarder de plus près j’ai ressenti un malaise. En discutant avec les participant·es, un sociotype émerge. Des jeunes cadres parisien·nes en mal de campagne.
Certes il y a la fête, mais quoi d’autre ? Sur le vélo, j’ai rencontré un cycliste passionné, en attente de cet événement. Venant de Nice, il a pris sa voiture pour rejoindre le point de départ qui était Dijon. Il m’explique qu’il a un budget de près de 600€ pour ces 2 jours de vélo. Entre le déplacement, l’hébergement (le camping au départ étant complet il a réservé un Airbnb), la location des tentes auprès de la Mad Jacques les deux soirs de camping, la nourriture, les consommations de boissons pendant les deux soirées. L’aventure n’est pas à la portée de tout le monde, il faut qu’elle soit à la portée de son portefeuille.
Mais que raconte cette façon de faire du vélo ? Si tous·tes les participant·es ont la fibre écolo et sont en quête de week-ends à faible empreinte carbone, il n’en reste pas moins qu’il s'agit d’une certaine forme de tourisme de masse. Des centaines de cyclistes prennent d’assaut les trains au départ de Paris, rendant la logistique difficile pour la SNCF. Ces cyclistes ambiancé·es comme pour un enterrement de vie de garçon (ou de jeune fille), viennent et consomment un territoire. Oui, les buvettes du village tournent à plein régime, mais on y nourrit une forme d’entre-soi. Les ruraux nous accueillent pour une arrivée en grande pompe tels des seigneurs et leurs vassaux. Cette forme de verticalité ne questionne pas la ruralité et ses enjeux sociaux, mais elle conforte la posture de la ruralité exotique, celle qu’on vient chercher quand le surmenage citadin pointe le bout de son nez.
Si la micro-aventure rend le voyage accessible, le récit qui dit que le bout du monde se trouve au bout du jardin tend à nous faire penser qu’au bout de ce même jardin se trouve l’exotisme. Révélant la polarité entre les ville et la campagne, devenue de fait, un « terroir » exotique. Renforçant les bourgeois dans la conviction qu’ils sont proches - comme le dirait Michel Barnier - des gens d’en bas. 
Patrick Mercuzot, Maire de Mont-Saint-Jean
Patrick Mercuzot, Maire de Mont-Saint-Jean
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