Combien de vies ont été confiées à Sylvie ?
À mesure que les mèches de cheveux recouvrent le sol, les client·es de Sylvie et Anaïs confient leurs vies. Il règne une atmosphère particulière dans le salon. Chaque au-revoir est teint de larmes, car le revoir n’est pas d’actualité.
Les bouquets de fleurs commencent à affluer. Elle les emportera chez elle ce soir, en plus de sa rancœur. Son salon, elle le ferme à contre-
Les bouquets de fleurs commencent à affluer. Elle les emportera chez elle ce soir, en plus de sa rancœur. Son salon, elle le ferme à contre-
Son salon ferme ce soir, après trente ans dans le quartier Saint-Michel qu’elle a vu se transformer, son propriétaire lui a annoncé que son loyer allait être révisé. Il passe de 600€ à 1250€. Au vu du revenu que génère son salon, elle n’a pas d’autre choix que de mettre la clef sous la porte. Elle ne veut pas licencier Anaïs, sa salariée depuis 12 ans. Elle arrivée apprentie, en fin d’études, elle est maintenant mère de 2 enfants.
Sylvie m’explique qu’un autre commerce un autre bar de la rue Camille Sauvageau, subissent le même sort. L’un d’eux va aussi fermer ses portes.
En passant du temps à photographier la vie du salon pendant son dernier jour d’ouverture, je comprends l’importance qu’à eu ce commerce dans le quartier. Tout le monde vient, tout le monde y confie sa vie, ses problèmes, ses peines et ses joies. Des générations entières s’en sont suivies, des grands-parents, des parents et leurs enfants. Moi-même quand j’ai poussé la porte de ce salon il y a 12 ans, j’étais un jeune réalisateur, j’y suis allé avec ma fille ces derniers mois. Sylvie et Anaïs m’ont vu changer, ont vu apparaître mes quelques rares cheveux blancs. En touchant mes cheveux, Sylvie savait dire si j’étais dans une période où j’étais stressé. Elle a vu les effets du Covid, la perte de lien, la fermeture d’un lieu qui rassemblait.
J’ai vu M. Lasserre qui après avoir déposé un bouquet de fleurs et quelques blagues en guise de remerciements, n’arrivait pas à quitter le salon, boulversé par la fermeture soudaine.
Quand les client·es de Sylvie quittaient ce salon, iels étaient un peu plus beaux et belles qu’en y entrant. Était-ce vraiment du à la coupe de cheveux ?
J’ai vu M. Lasserre qui après avoir déposé un bouquet de fleurs et quelques blagues en guise de remerciements, n’arrivait pas à quitter le salon, boulversé par la fermeture soudaine.
Quand les client·es de Sylvie quittaient ce salon, iels étaient un peu plus beaux et belles qu’en y entrant. Était-ce vraiment du à la coupe de cheveux ?